On s’intéresse depuis l’Antiquité aux concepts d’appétit, faim et satiété : ces notions s’associent au besoin de nourriture, besoin quotidien qui peut être pressant de la naissance jusqu’à la mort. Ces trois concepts étaient considérés comme propres aux humains. On considérait donc qu’ils ne pouvaient pas s’appliquer aux animaux. Au début du XIXe siècle, on commence à s’intéresser aux causes de ces sensations d’appétit, faim et satiété. Des recherches ont été menées ensuite sur les animaux sur le fonctionnement de leurs organismes sur le plan nutritionnel (aux niveaux métabolique, nerveux et physiologique), qui ont montré des similitudes avec le comportement humain. Cela a permis de mieux définir ces sensations. Le but de cet article est d’expliquer dans les grandes lignes ce qu’est la faim mais aussi de sensibiliser à un fléau qui existe toujours de nos jours : la famine.

LA FAIM, QU’EST-CE QUE C’EST ?
Le mot « faim » vient du latin fames. La faim désigne un manque de nourriture ou plus précisément une sensation qui survient après un temps sans manger, qui va nous pousser à chercher de la nourriture. Ce mot peut aussi signifier la recherche d’autre chose (avoir faim de culture par exemple).
La faim peut aussi être une sensation interne qui réapparait à intervalle régulier chez l’homme et les animaux, la sensation qui pousse les êtres vivants à satisfaire leur nécessité en aliments.
A ne pas confondre avec les faims paniques ou les fringales qui correspondent davantage à des compulsions alimentaires !
Pour décrire la faim, on peut dire qu’elle ne correspond pas qu’aux besoins énergétiques en calories, l’envie de manger étant une sensation complexe soumise à de nombreux facteurs comme le taux de glucides et/ou d’hormones dans le sang (notamment la ghréline), le taux de lipides, la masse adipeuse, les signaux sensoriels (l’odorat, la vue), un état dépressif, une influence émotionnelle… On ressent la faim généralement quand le niveau de glycogène dans le foie diminue jusqu’à un certain point, ce qui provoque l’envie ou le désir de manger.
Biologiquement, la sensation de faim traduit le fait que notre corps a besoin de nourriture. Elle survient généralement après une diminution d’environ 5% du taux de glucose dans le sang. Cela provoque donc une réaction de la part du cerveau qui pousse à la recherche de nourriture. Cette sensation peut apparaître à l’heure où nous mangeons habituellement, par l’odeur ou la vue des aliments qui enverront un signal à notre cerveau. Il est essentiel de répondre à cette demande en se nourrissant car notre corps nous le demande pour qu’il puisse continuer d’assurer ses fonctions comme la production d’énergie grâce au glucose et aux lipides qui permettent le bon fonctionnement des organes de notre corps. Le cerveau dépense 15 à 20% de l’énergie assimilée à lui seul, c’est un des éléments qui a les besoins les plus élevés.
Il arrive que la faim provoque des douleurs, notamment des contractions dans l’estomac qui sont généralement plus intenses chez les jeunes en bonne santé qui ont un bon tonus gastrointestinal.
Concernant la prise alimentaire, sa régulation fait partie d’un système assez complexe où interviennent l’hypothalamus (qu’on qualifie de centre décisionnaire du cerveau) et certaines hormones (qui proviennent de divers organes notamment le système gastro-intestinal et les cellules adipeuses). D’autres facteurs provoquent la satiété comme le signal qu’envoie le nerf vague au cerveau depuis l’estomac qui permet d’évaluer la quantité d’aliments avalés.
ET LA FAMINE ?
La famine correspond à une situation dans laquelle une population d’une zone géographique donnée manque de nourriture. On parle de sous-alimentation quand on consomme moins de 1200 kcal par jour et par personne, à savoir qu’un enfant consomme en moyenne 1600 kcal (jusqu’à 2900 kcal pour un adolescent) et qu’une sous-alimentation prolongée peut provoquer la mort.
Le mot famine apparaît en 1170, c’est un dérivé du mot faim (il a donc la même étymologie : latin, fames), qui est différent de la disette qui est utilisé pour désigner une cherté ou un manque de vivres ou une personne qui souffre d’anorexie et s’impose donc une disette même si les aliments sont disponibles.
La famine se divise en trois catégories :
– la dénutrition globale, qui démontre un manque alimentaire général,
– la malnutrition, qui reflète d’une carence en certains nutriments,
– l’inanition, qui correspond à l’épuisement de l’organisme par une dénutrition prolongée.
Les causes de la famine sont interdépendantes et peuvent être nombreuses, c’est un phénomène qu’on rencontre plus souvent dans les pays peu démocrates, ce qui a pu causer les famines du XXe siècle dans les pays communistes. On note principalement des inaccessibilités économiques et géographiques qui sont causées par différents éléments.
Dans une économie suivant le libre marché, les prix sont définis par l’offre et la demande, cette dernière étant très importante à cause de la croissance démographique et de l’augmentation des niveaux de vie dans les pays en voie de développement notamment. La demande en biocarburants est un élément qui joue sur l’augmentation des besoins alimentaires (car ceux-ci sont produits à partir de produits alimentaires). Le prix du pétrole augmentant, produire du biocarburant devient plus rentable et donc plus attractif (cela joue sur l’offre avec l’augmentation des prix des engrais, comme sur la demande). Un autre élément devrait entrer en compte concernant la demande alimentaire : le gaspillage. Quand bien même cela ne provoque pas directement une augmentation de la demande, celle-ci est néanmoins surévaluée et va donc induire une augmentation des prix donc une accessibilité moindre à certaines populations.
L’inaccessibilité géographique est quant à elle provoquée par l’urbanisation, le manque de rendement agricole et les mauvaises infrastructures des pays du Sud.
LA FAMINE ACTUELLEMENT
Encore dans les années 2010, les crises alimentaires frappent plusieurs pays notamment en Afrique, la dernière famine qui a débuté en 2014 a touché 11,3 millions de personnes au Yémen avec plus d’un million de cas de choléra (chiffres en 2017). Jusque dans les années 1990, on n’était capable de prendre en charge que quelques milliers d’enfants malnutris à la fois. Neuf pays ont déclaré l’état de famine entre 2011 et 2017, 22,2 millions de personnes nécessitaient un besoin urgent d’aide humanitaire. Les diverses sécheresses de 2011 et 2012 ont provoqué l’épuisement des réserves des cultivateurs et des éleveurs. Les prix augmentent tandis que les revenus sont inexistants, ce qui empêche les hommes de se ravitailler alors que les marchés ne sont pas forcément mal approvisionnés. Les animaux d’élevage meurent car ils manquent de nourriture.
L’objectif lors de ces crises est de soigner en priorité les enfants. Lors de la famine en Afrique de l’Ouest en 2012, les Nations Unies, les bailleurs de fonds des Etats Unis et d’Europe, les Etats touchés, les gouvernements et les ONG ont focalisé leurs aides sur 10 millions de personnes dont la survie dépendait uniquement des aides apportées par l’international. Le but était de soigner un million d’enfants de moins de 5 ans dans une situation de malnutrition sévère. Ce sont les individus les plus vulnérables aux carences alimentaires donc ceux qu’on prend en charge le plus rapidement possible.
Comme dit dans l’introduction, cet article a pour but de sensibiliser à un phénomène malheureusement trop présent à l’heure actuelle dans le monde. J’ai mentionné plus haut un point sur lequel nous pouvons (voire devons) tous faire des efforts, à savoir le gaspillage alimentaire. Il est important de faire attention à ce qu’on achète quand on fait ses courses. On peut par exemple acheter des fruits et légumes en vrac, préparer une liste de courses ou bien même une semaine de menus pour n’acheter que ce dont on a besoin, bien vérifier les dates de péremption ainsi que le contenu de son frigo régulièrement. Bien entendu, la bonne conservation des aliments au réfrigérateur est essentielle. Comme j’en ai parlé dans l’article précédent, il ne faut pas pour autant se forcer à finir son assiette si on n’a plus faim mais on range les restes (on ne jette pas !). Pour ceux qui ont cette possibilité, on peut aussi composter ses déchets alimentaires.
Ces petits gestes, en plus d’être écologiques, nous permettent de faire des économies et de limiter le gaspillage. Bien entendu, cela n’éradiquera pas la faim dans le monde mais à grande échelle, ça peut faire une différence.
Pour aller plus loin :